Retour au grand jour
Neil Hannon, s'était quelque peu perdu avec son précédent album Fin De Siècle, et en même temps bon nombre de ses fans étaient également partis vers d'autres horizons. Après une mise au vert qui aura vu Divine Comedy changer de maison de disques, Regeneration sonne le retour vers des sommets jadis atteints avec des albums comme Promenade ou encore l'excellent Casanova. Plus inspiré que jamais ce nouvel album devrait remettre bien des pendules à l'heure. Entretien avec Neil Hannon et son inséparable ‘Pinky’ sur cette renaissance que tout le monde attendait.
Peux-tu nous expliquer le titre de ce nouvel album Regeneration ?
Oui, je trouvais que, après tout ce qui avait pu se passer dans la carrière de Divine Comedy, depuis nos débuts, un titre comme Regeneration collait parfaitement bien… Tu ne trouves pas (rires…) Et puis Regeneration signifie plein de choses différentes comme ‘la renaissance’, ce genre de chose.
C'est effectivement le nom de l'album mais on peut dire aussi que ça correspond à un changement radical au sein de Divine Comedy…
Absolument, c'est vrai qu'il s'est passé pas mal de choses, que ce soit avec la maison de disques ou encore le fait que nous nous soyons remis en question sur la façon dont nous avions travaillé jusqu'à présent et sur l'évolution que nous souhaitions donner musicalement au groupe. En plus, il faut dire que la presse nous avait enfermé dans une certaine catégorie ‘dandy pop’ avec de belles orchestrations et des références aussi diverses que Baccarah ou John Barry, alors que Divine Comedy ce n'était pas que ça. Tu comprends mieux aujourd'hui pourquoi un album comme Fin De Siècle à pu prendre les gens à contre pieds, même si nous sommes toujours très contents de cet album.
Regeneration est votre sixième album en huit ou neuf ans. Des regrets quant à toutes ces années ?
Non, même si on s'est aperçu qu'avec Fin De Siècle on s'était un peu perdu en route, non pas de regrets. Pour revenir une dernière fois au précédent album, effectivement on a pris une mauvaise route, cependant on s'en est rendu compte à temps pour pouvoir faire marche arrière et repartir vers des choses qui nous ressemblent plus.
Vous avez travaillé avec Nigel Godrich sur ce nouvel album…
Oui, Nigel est une personne avec qui l'on voulait travailler et qui avait un son bien à lui. Ecoute le travail qu'il a fait sur l'album de Travis, le résultat est génial. Je ne parle pas de Radiohead, ils sont super et nous somme très fans d'eux. Mais bon, les sessions se sont super bien passées, avec vraiment une totale liberté de sa part. Au final, on est très content du résultat de Regeneration. Je pense que cet album sonnera vraiment de manière différente dans l'oreille des gens, je crois qu'il est vraiment plus abouti, plus mature peut-être. Tout à l'heure je te parlais de Burt Bacharach, à travers Regeneration, on voulait aussi faire comprendre au public que nos références ne s'arrêtaient pas forcément à certains artistes et que l'on était capable de faire autre chose. Même si j'aime toujours beaucoup Burt Baccarah et John Barry entre autres.
Neil, tu es irlandais et pourtant, au début de ta carrière et longtemps après, tu correspondais à l'image du chanteur très british londonien…
C'est vrai qu'au début de Divine Comedy on renvoyait une image très classique, et très ‘british’ comme tu dis. Mais pour nous, ça correspondait à un état d'esprit à cette époque ; le problème c'est que la presse a pris ça très au sérieux et on est devenu très vite le petit groupe pop en costume trois pièces… (rires). Je crois que ça c'est vraiment amplifié à l'époque de Casanova. Maintenant on a vraiment envie de casser toute cette collection de vignettes pop et smart qui collaient à notre image. Je pense que ce nouvel album va remettre pas mal de choses en place…
Sur ce nouvel album on retrouve des morceaux comme ‘Perfect Lovesong’, ‘The Beauty Regime’ ou encore ‘Regeneration’. Seriez vous devenu des maniaques de la perfection ?
Non, je ne pense pas qu'il faille voir dans ces morceaux un besoin de perfection, ou une quelconque autre forme de rapport, la seule perfection c'est celle que l'on essaye d'atteindre en composant les morceaux. Je me suis plus souvent inspiré d'expériences propres à ma vie sentimentale, dans les différents albums et c'est une source intarissable… je suis très productif de ce côté… (rires). Je préfère parler de choses que je connais, au moins je sais où je m'avance.
Tu as eu l'occasion de travailler à deux reprises avec des artistes français (Valérie Lemercier et Yann Tiersen). Quels souvenirs gardes-tu de ces rencontres ?
De très bons souvenirs. Le duo avec Valérie Lemercier avait plutôt l'air d'un clin d'œil, mais c'était sympa. Quant à ma participation avec Yann Tiersen, j'en garde un excellent souvenir. C'est un des meilleurs compositeurs français que je connaisse à l'heure actuelle, je me souviens que pour la ‘black session’ sur laquelle j'ai participé il est arrivé, m'a joué un morceau au piano et m'a donné carte blanche pour les paroles. Voilà l'histoire de ‘Geronimo’ qui est sur cet album. Et puis j'ai aussi pu faire une reprise de ‘Life On Mars’ de David Bowie un artiste pas très connu à qui j'ai voulu rendre hommage. Il ira loin ce Bowie… (rires). Non sincèrement ces deux collaborations ont été très enrichissantes, et je ne regrette pas d'y avoir participé.
Vous avez envie de rejouer rapidement sur scène ?
C'est clair la scène nous manque beaucoup, et puis on a très envie de pouvoir rejouer les morceaux de Regeneration sur une scène et de voir la réaction du public. On joue en France, à Paris ces jours-ci et on est super contents de retrouver notre public français qui nous a toujours bien accueilli à chacun de nos passages. Après il y a une tournée de prévue, on va retrouver l'ambiance des concerts et des voyages…
Arnaud Byhet
Campus 04/2001