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The Divine Comedy

Au fil de l’eau, on avait cru le chant du cygne arrivé pour Neil Hannon, ce fut finalement le chant des premiers amours, celui du retour à une pop simple. Signes avant-coureurs, sa récente paternité et sa séparation du groupe ont contribué à ce retour aux sources sur Absent Friends, son 7ème opus. Avec ses mélodies joliment troussées, sa voix belle et singulière, ses textes riches de références culturelles ou personnelles, on nage ici dans un romantisme entre dérision et profondeur. Ce DIVINE COMEDY-là est bien le pape de la pop.

“Bonjour, c’est pour l’interview ? Alors tout d’abord ma couleur préférée est le vert…”
D’entrée le ton est donné, celui de Neil Hannon, unique membre permanent du groupe THE DIVINE COMEDY. Le temps fut venu pour le grand nettoyage de mars. Après l’essai ‘rock’ sur Regeneration, exit, le groupe historique, les flonflons et le cercle vicieux de la surenchère symphonique : “Regeneration devait être le départ vers quelque chose de nouveau et ce fut finalement une fin de quelque chose de vieux” puis d’ajouter : “Absent Friends (£abels) est une nouvelle libération pour moi avec la maturité acquise et la joie en plus, je le mets en 2ème position par ordre d’importance dans ma carrière” Ecouter ne serait-ce que l’émouvante chanson ‘Leaving Today’ témoignage poignant d’un père à son enfant et vous comprendrez le changement d’attitude du pop-singer : “Ce qui change d’être père, hormis le fait d’être continuellement fatigué, c’est que tu sais ce qui te botte les fesses quand tu pars travailler, tu es davantage concentré sur ton travail et c’est bénéfique. Tout est différent sur Absent Friends, j’ai développé des choses sans qu’il y ait besoin forcément d’expérimenter. J’ai essayé de faire de mon mieux et au résultat on obtient un album luxuriant, orchestral où les chansons sont encore plus fortes individuellement et toutes me plaisent”.

La raison est simple, après une année de tournée, Neil Hannon s’est obligé à réfléchir seul entre 2001 et 2003 pour mieux repartir “Je suis toujours en relation avec mes ex-musiciens, j’aime travailler individuellement avec chacun d’entre eux. Nous avons été ensemble pendant 7 ans et je ne ferai plus cela à l’avenir, j’appellerai les gens dont j’ai besoin au bon moment pour le bon job comme Joby Talbot, mais ils me manquent bien entendu. J’ai tiré seul mes inspirations de mes tripes, j’ai ressenti un frisson, une palpitation viscérale qui m’a fait presser le bouton rafraîchissement pour ce nouvel album. La séparation du groupe a permis notamment d’ouvrir le champ musical à d’autres collaborateurs, et Yann Tiersen est de ceux-là : ma collaboration avec Yann est née aux Transmusicales de Rennes en 1999, nous avions joué ensemble ce soir là, j’apprécie la couleur de sa musique, son folk rock. Son intervention sur ‘Sticks & Stones’ c’est mon renvoi d’ascenseur !”. Ne cherchez pas de thème sur l’amitié dans Absent Friends mais l’affirmation d’influence de certains artistes comme le piano chez ELO, le son de guitare de REM ou Scott Walker mais est-il encore besoin de le préciser : “Absent Friends n’est pas un album concept, les choses me sont venues naturellement tout en essayant d’être là où je n’étais jamais allé. Cet album est inspiré très fortement par Scott Walker. Quand je chantais, j’adorais reprendre Scott Walker, j’aimais le côté crooner, ces ballades des 60’s”. Alors pourquoi ne pas avoir travailler avec Scott Walker à la production Monsieur Hannon ? “et bien imaginez-vous travailler avec votre idole près de vous, c’est quasiment impossible, je me demande bien comment Jarvis Cocker a réussi” (NDLA : SW a produit l’album de Pulp : We Love Life). L’histoire d’amour de la France avec cet irlandais du nord a commencé il y a plus de 10 ans. Le public du Nord n’a pas oublié sa performance en quartet classique à l’aéronef lillois, le 26 mai 1994 et cette émouvante reprise du ‘Wuthering Heights’ de Kate Bush qui résonne encore dans nos cœurs : “Les Français ont ce quelque chose de magnifique et de mystique, je n’explique toujours pas pourquoi il y eut cet accueil soudain et cette fidélité en France, mais surtout, ne dites rien, ne m’expliquez rien, où sinon, cela s’arrêtera”.

Pour l’heure, après une première tournée orchestrée par un ensemble de 20 musiciens, passée essentiellement par la Grande-Bretagne, puis par Paris et Bruxelles, THE DIVINE COMEDY repart avec un trio pour une dizaine de dates en France et dans certains festivals européens, en version plus intime cette fois-ci : “je ne veux pas tout vous dévoiler, mais j’ai voulu faire la part belle à de très belles chansons oubliées sur mes premiers albums que je n’ai jamais jouées ou si rarement ou il y a très longtemps”. Un personnage, ce Neil Hannon. Sur scène, Neil distille son humour très anglo-saxon, souvent proche d’un public acquis à sa cause : “…j’ai pas de sens de l’humour, j’essaie d’être drôle c’est différent (rires) en fait j’aime bien l’univers humoristique de Six Feet Under, je sais pas si vous avez ça en France, je ne loupe aucun épisode”. Vous regardez la télé ? “oh oui, en fait les gens ne retiennent que mon image de crooner alors qu’en fait je suis un fou de sport… A la TV. Quand je regarde le rugby ou le football, j’ai tout le kit de l’écharpe à la bière”. Le petit homme se lève alors, le regard pénétrant et conclue : “L’interview est terminée ? bien, alors je répète, ce qu’il faut retenir, c’est que ma couleur préférée est le vert”.


Arnaud Santerre
Presto 07-08/2004