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Victimes de la mode

Neil Hannon (The Divine Comedy) creuse son sillon même à l’ombre.
Neil Hannon (The Divine Comedy) creuse son sillon même à l’ombre.
La mode est une fille ingrate. Elle vous prend dans ses bras lorsque votre talent éclôt. Puis, les années passant, elle se détourne de vous. Peu importent vos progrès, madame la Mode a besoin de chair fraîche. Il y a une dizaine d’années, The Divine Comedy, création pop de l’Irlandais Neil Hannon, a connu le bonheur d’un succès quasi immédiat. D’album en album, Hannon a creusé un sillon personnel, écriture raffinée, arrangements ambitieux (cordes, piano, hautbois). A-t-il touché un nouveau public ? Est-il ‘à la mode’ ? Plus vraiment, mais il a gagné en sobriété, et en épaisseur. Absent Friends est son meilleur album (le plus mélodique, le plus équilibré) depuis le premier, du temps où il était ‘hype’... La mode ne s’est jamais intéressée au Canadien Ron Sexsmith, jugé trop rustique, avec ses airs de gamin paumé, son mètre quatre-vingt-quinze, sa guitare en bois et ses chansons nues. Pourtant, ce songwriter hors pair partage avec Hannon quelques particularismes louables : même penchant pour les mélodies en mode mineur, même lignage éminent (Beatles et Smiths) et, surtout, même belle maturation. Retriever est déjà le sixième album de ce façonnier têtu que rien, même la confidentialité, ne semble pouvoir détourner de son art...

The Divine Comedy : Absent Friends - 4/4

Emmanuel Tellier
Télérama 28/04/2004