"Je ne regrette rien"
Après La Cigale, The Divine Comedy part à l’assaut du grand public : au Zénith, le temps d’une soirée. Rencontre avec le chanteur et compositeur Neil Hannon et Joby Talbot, aux claviers.
Il a beau d’en défendre, Neil Hannon ne serait pas Neil Hannon sans sa légendaire autodérision, l’ironie au coin de l’œil. Certes, il évoque le temps de Casanova, le troisième album du groupe, comme une période révolue : “Je jouais alors un rôle.” Joby Talbot renchérit : “Nous avons tenté de créer différents pastiches de musiques et nous avons mis une distance entre nous et notre musique.” Pas question pour autant de renier quoi que ce soit de tumultueux passé. De Promenade, deuxième disque mégalo sauvagement orchestré, le chanteur affirme sans hésiter : “C’est un de mes albums préférés.” Et quand on lui demande si, avec le temps, il aurait aimé y changer quelque chose, il répond : “C’était sincère, je ne changerais pas un détail”, puis lance avec dérision, et en français s’il vous plaît, un “Je ne regrette rien” qui fera son effet. Il garde un souvenir amusé du concert au Théâtre de la Ville, avec un ensemble de cordes : “Le Théâtre n’a pas voulu qu’on amène de batterie. Conséquence, c’était le désordre total : une catastrophe…” Cette année, The Divine Comedy revient avec Regeneration, un disque qui retrouve la virtuosité du premier, Liberation. La nouveauté, c’est la présence au générique d’un producteur, Nigel Godrich. “Pour la première fois, on ne savait pas à quoi l’album ressemblerait au final. On ne voulait plus de pastiches, mais juste sonner comme The Divine Comedy. On est content du résultat car il est représentatif de ce que nous sommes.” Pour Neil Hannon, il s’agit maintenant d’“évoquer la musique, sans mélodrame et sans essayer d’être drôle. Il m’arrive de me retrouver perdu sur scène, j’oublie où je suis, je deviens presque fou. Quelque chose dont j’était incapable avant”. A 30 ans passés, il n’a qu’un désir, “être bien avec le monde. On perd beaucoup de temps à essayer de trouver sa place”. Invité sur L’absente, le disque de Yann Tiersen, il dit apprécier chez lui son honnêteté et sa ferveur. “La plupart des gens qui font de la musique n’en ont rien à cirer, ils veulent juste être connus, gagner de l’argent.”
Julien Grunberg
Zénith
Zurban 24/10/2001