Pour voir les paroles, cliquez sur le nom de la version qui vous intéresse (sur la gauche).
La troisième chanson de
Promenade est un standard de Divine Comedy. Toutefois, elle ne comprend pas de paroles à proprement parler, mais seulement une énumération de noms et de samples, et elle a donné à The Divine Comedy l’image d’un groupe érudit suite aux nombreuses références qu’elle contient. On dit qu’elle a été influencée par ‘Endless Art’ de A House [1], elle est en fait moins pop : Neil Hannon avait écrit un morceau instrumental complexe sur lequel on ne pouvait pas vraiment superposer de mélodie [2].
Tout d’abord, sur l’album la chanson commence par un extrait d’Audrey Hepburn dans
Drôle de Frimousse, lors d’un passage dans une librairie où elle doit faire semblant de vendre un livre à une mannequin pour les besoins d’une série de photos de mode.
Le refrain fait écho au sample extrait du film
Tom Jones à la fin de
Promenade (“Happy the man, and happy he alone,/He who can call today his own./He who secure within can say:/“Tomorrow do thy worst, for I have lived today.”) et adapté de l’
Ode à l’Homme d’Horace.
Dans les couplets, chaque nom d’écrivain (dans un ordre plus ou moins chronologique), est suivi d’un sample. Certains sont extrait de films, mais d’autres furent enregistré par les gens qui passaient au studio (dont Keith Cullen ou Sean Hughes) et à qui Neil demanda de choisir deux noms de sa liste. [3]
La chanson a été jouée à quelques occasions en ’94-’95, parfois sous une forme instrumentale, et d’autres fois en remplaçant les noms d’écrivains par ceux de footballers. En 2004 lors de la tournée orchestrale la chanson fut cette fois jouée sous un tout autre jour: à chaque concert un invité venait lire un extrait d’un roman. En 2015, la chanson a été jouée à la
Philharmonie de Paris où, au lieu de la liste des auteurs, Neil a recité une suite de blagues à propos “des personnes célèbres dont les noms peuvent être associés à des livres…”
Voici quelques notes détaillant chacun des extraits :
- Aphra Behn (« Hello » dit d’une voix éraillée) (Angleterre, 1640-1689)aurait été la première romancière.
- Miguel De Cervantès (“Donkey”) (Espagne, 1547-1616) a écrit Don Quichotte de la Manche, dans lequel le comparse du héros Sancho Panza chevauche un âne au lieu d’un cheval. La blague repose probablement sur le fait que la plupart des anglais prononcent « Donkey Oaty » pour Don Quichotte.
- Daniel Defoe (“it’s a Crisp ‘N Dry day!”) (Angleterre, 1660-1731) a écrit Robinson Crusoë, où le héros baptise son compagnon Vendredi en raison du jour où ils se sont rencontrés. Crisp ‘N Dry est une célèbre marque anglaise d’huile de caisson – dont le slogan affirme faire de chaque jour un “Fry day” …! (alambiqué, mais tellement drôle)
- Samuel Richardson (“Hello?”) (Angleterre, 1689-1761), est un écrivain connu pour ses trois romans épistolaires.
- Henry Fielding (“tittle tattle, tittle tattle”) (Angleterre, 1707-1754) a écrit Tom Jones, un roman dont le style fait penser à des commérages (‘tittle-tattle’ en anglais). L’extrait correspondant serait pris du film du même nom avec Sir Lawrence Olivier/Albert Finney ?.
- Lawrence Sterne (“Hello…”) (GB, 1713-1768) a écrit Tristram Shandy, un roman à l’humour paillard, d’où le “Hello” à la Leslie Phillips.
- Mary Wolstencraft (“Vindicated!”) (GB, 1759-1797) fut une des premières féministes et a écrit Une Revendication des Droits de la Femme.
- Jane Austen (“Here I am!” d’une voix de fille distinguée) (Angleterre, 1775-1817), dont les héroïnes sont assez guillerettes et gamines.
- Sir Walter Scott (“We’re all doomed” avec un accent écossais) (Ecosse, 1771-1832) a inspiré Private Fraser, dans la sitcom Dad’s Army , un autre écossais, croque-mort dont l’adage est “We’re all doomed!”
- Léon Tolstoï (“Yes!”) (Russie, 1862-1910) est un écrivain russe considéré comme l’un des plus grands auteurs de tous les temps.
- Honore de Balzac (“Oui!”) (France, 1799-1850) est un romancier et dramaturge français.
- Edgar Allan Poe (*cri d’épouvante*) (USA, 1809-1849) a écrits des nouvelles du genre fantastique/horrifique.
- Charlotte (“hello?”) (Angleterre, 1816-1855), Emily (“hello?”) (Angleterre, 1818-1848) et Anne Brontë (“hello?” d’une voix grave masculine) (Angleterre, 1820-1849), utilisaient des pseudonymes masculins pour la première publication de leurs œuvres, mais Neil a confirmé dans une interview de 1999 qu’il avait juste pensé que ce serait drôle et inattendu d’entendre une grosse voix masculine pour la troisième soeur [4]. Une des voix féminines a été enregistrée par Alice Lemon des Catchers, qui enregistraient au studio The Church au même moment.
- Nikolai Gogol (“Vas chi”??) (Russie, 1809-1852) est un romancier russe qui a écrit des nouvelles et des pièces de théâtre. Cela ne dit pas à quoi “vas chi” fait allusion…
- Gustave Flaubert (“Oui?”) (France, 1821-1880) est un romancier français, chef de file du courant réaliste.
- William Makepeace Thackeray (“Call me William Makepeace Thackeray”) (Angleterre, 1811-1863) est connu pour La Foire aux vanités. Il s’agit probablement d’une blague sur l’expression “Call me Jim” etc.
- Nathaniel Hawthorne (“The Letter A”) (USA, 1804-1864) a écrit La lettre écarlate, où l’héroïne coud sur ses vêtements un A rouge pour adultère.
- Herman Melville (“Ahoooooy theeeere!”) (USA, 1819-1891) a écrit des histoires qui se passent en mer, comme Moby Dick.
- Charles Dickens (“London is so beautiful at this time of year…”) (GB, 1812-1870). L’extrait est tiré d’un sketch des Monty Python où Michael Palin joue le Cardinal Richelieu (épisode 3 de la saison 1 – sketch ‘Court Scene’)
- Anthony Trollope (“good eveni good-e goo-goo-good-e good-e good-e good-evening ”) (Angleterre, 1815-1882) était un romancier et fonctionnaire anglais. On ne sait pas pourquoi sa voix bégaye, mais il serait mort d’une crise de fou-rire, ce qui explique peut-être ce choix ? (autre citation des Monty Python, de l’épisode 6 de la saison 1).
- Fyodor Dostoevsky (“Here come the sleepers…”) (1821-1881, Russie) est un romancier et journaliste. Une citation de sa pièce {i]L’adolescent[/i]: “certains dormeurs ont une figure intelligente même dans leur sommeil, tandis que d’autres têtes, mêmes les intelligentes, deviennent vraiment stupides dans le sommeil et même ridicules. Je ne sais ce qui provoque ce phénomène; Je dirais seulement qu’un homme qui rit, tout comme celui qui dort, ne sait la plupart du temps rien de son visage.”
- Mark Twain (“I can’t even spell Mississipi”(à ajouter en anglais)) (USA, 1835-1910) a écrit des romans qui se passent le long du fleuve Mississippi dont Huckleberry Finn. Mississippi est également un mot notoirement difficile à épeler. La voix imitant un accent du sud (Mark Twain ?) est Ben Wardle, un agent A&R qui tenta de faire signer Neil à l’époque. [1]
- George Eliot (GB, 1819-1880) “George reads German ?” est une citation du film Chambre avec vue (dont Neil est un fan absolu et auquel il fait souvent référence) et donc ne fait pas directement référence à l’auteur mais au George du film.
- Emile Zola (“J’accuse!”) (France, 1840-1902) a écrit une lettre éponyme en soutien au colonel juif Alfred Dreyfus contre les antisémites.
- Henry James (“Howdy, Miss Wharton!”) (britannique d’origine américaine, 1843-1916) et Edith Wharton (“Well hello, Mr James!”) (USA, 1862-1937), mentionnée plus loin dans la chanson, étaient amants.
- Thomas Hardy (“Ooo-arrrhhh!”) (GB, 1840-1928) a écrit des histoires qui se déroulent dans le comté fictif du Wessex, prétendument dans l’ouest du pays, d’où l’accent.
- Joseph Conrad (“I’m a bloody boring writer”) (britannique d’origine polonaise, 1857-1924) était un écrivain impressionniste. De toute évidence, la personne qui lui donne sa voix n’est pas un grand fan !
- Katherine Mansfield (*toux crachotante*) (GB, 1888-1923) est morte de la tuberculose.
- DH Lawrence (“Never heard of it”) (GB, 1885-1930) a écrit des romans très controversés avec des héroïnes émancipées. Certains furent même censurés (par exemple, L’amant de Lady Chatterley). Ainsi, les gens qui avaient lu ses romans pouvaient nier avoir entendu parler de lui. La citation est tirée du film Chambre avec vue.
- EM Forster (*soupir* “Never heard of it”) (GB, 1879-1970) a écrit Maurice, une histoire homosexuelle, controversée à l’époque, ainsi que Avec vue sur l’Arno. L’extrait vient aussi de l’adaptation par James Ivory Chambre avec vue, ce n’est pas la même que la précédente. Probablement une blague pour ceux qui n’auraient pas encore remarqué l’obsession de Neil pour Forster.
- James Joyce (“Hello there” avec un accent irlandais) (Irlande, 1882-1941) est un romancier et écrivain de nouvelles irlandais, poète, professeur, et critique littéraire. Il est l’auteur de Ulysses, un roman dans lequel l’action se passe sur une journée. Neil essayait de le lire Durant la composition de [disc=promenade]Promenade{/i]{/disc], ce qui lui a donné l’idée du concept central de l’album.
- Virginia Woolf (“I’m losing my mind!”) (GB, 1882-1941) souffrait de maladie mentale et a fini par se suicider.
- Marcel Proust (“Je ne m’en souviens plus”) (France, 1871-1922) a écrit [i]À la Recherche temps perdu.
- F Scott Fitzgerald (“baaah bababa baaaah”) (USA, 1896-1940) a écrit ‘Bernice Bobs Her Hair’. D’où le “ba bababa ba”.
- Ernest Hemingway (“That’s ‘Papa’ to you, son”) (US, 1899-1961) a écrit Le vieil homme et la mer. Il se faisait appeler ‘Papa’.
- Herman Hesse (“Oh es ist (alle ?) so häßlich”) (Suisse, 1899-1961) est un écrivain de langue allemande. Sa citation veut dire: “ tout est si laid” et est un jeu de mot sur son “Hesse”.
- La citation pour Evelyn Waugh (“Whooooaaarrrr!”) (GB, 1903-1966) est un jeu de mots sur son nom.
- La citation pour William Faulkner (“Tu connais William Faulkner?”) (USA, 1897-1962) est tirée d’À bout de souffle, dont un extrait figure également dans ‘When the Lights Go Out All Over Europe’.
- Anaïs Nin (“The strand of pearls”) (USA, 1903-1977) a écrit des livres érotiques, mais on ne voit pas exactement à quoi les perles font référence.
- Ford Madox Ford “Any colour as long as it’s black” (“Toutes les couleurs du moment que c’est du noir”) (GB, 1873-1939) fut une des phrases célèbre du fabriquant de voitures Henry Ford, sans lien avec l’écrivain britannique.
- Jean-Paul Sartre (“Let’s go to the Dôme, Simone!”) (France, 1905-1980) et Simone de Beauvoir (“C’est exact, present”) (1908-1986) ont formé un célèbre couple d’intellectuels. Le Dôme était un bar de Paris fréquenté par beaucoup d’écrivains apparemment.
- Albert Camus (“The beach… the beach!”) (France, 1913-1960) a écrit L’étranger, où le héros tue un homme sur une plage
- Franz Kafka (“WHAT DO YOU WANT FROM ME?”) (Tchéckoslovaquie, 1883-1924) a écrit des ouvrages teintés de paranoïa tels que Le procès. On ignore s’il s’agit d’un extrait tiré du film avec Harold Pinter, ou fourni par Sean Hughes.
- Thomas Mann (“Mam”)(Allemagne, 1875-1955). Avec une mauvaise écriture, c’est presque équivalent au nom de l’auteur…
- Graham Greene (“Call me Pinkie, lovely…”) (GB, 1904-1991) a écrit Le Rocher de Brighton, un roman qui fut adapté au cinéma dans un film avec Richard Attenborough dans le rôle de Pinkie. Le sample est pris du film.
- Jack Kerouac (“Me car’s broken down!” avec l’accent du Yorkshire) (USA, 1922-1969) a écrit Sur la Route, qui relate un voyage routier à travers les États-Unis.
- William S. Burroughs (“Woowwwwww!”) (USA, 1914-1997) prenait du LSD et du coup écrivait sous l’effet des hallucinations.
- Sir Kingsley Amis (*cough*) (GB, 1922-1995) était le père de Martin Amis (né en GB en 1949). Aucune hypothèse sur la signification de la toux.
- Doris Lessing (“I hate men!”) (GB, 1919-2013)est une écrivaine féministe. Dans les années 1990 les féministes (en particulier les comédiennes) étaient réputées haïr les hommes, donc c’était probablement drôle à l’époque…
- Vladimir Nabokov (“Hello, little girl…”) (britannique d’origine russe, 1899-1977) a écrit Lolita, dont le héros est obsédé par une jeune fille.
- William Golding (“Achtung, Busby!”) (GB, 1911-1993) a écrit Sa Majesté Des Mouches, qui raconte comment un groupe de jeunes garçons échoués sur une île déserte revient à un stade tribal et violent. L’un des protagonistes s’appelle Busby, et la blague fait référence à l’album Achtung Baby de U2 (1991).
- JG Ballard (“Instrument binnacle”) (GB, 1930-2009) a écrit Crash. ‘Instrument binnacle’ est une expression qu’il utilise pour désigner un tableau de bord, et est là encore prononcée par Ben Wardle.
- Richard Brautigan (“How are you doing?”) (USA, 1935-1984) est un romancier poète et écrivain de nouvelles américain. Son travail use souvent d’humour noir, de parodie et de satire de façon clinique et surréaliste, avec une prose aux émotions étouffées décrivant l’entremêlement de la vie pastorale américaine avec le progrès technologique.
- Milan Kundera (“I don’t do interviews”) (né en République Tchèque, 1929) a notamment écrit L’insoutenable légèreté de l’être, et une recherche rapide sur google fait remonter de nombreuses interviews, la blague est peut-être ironique …
- Ivy Compton Burnett (“Hello…”) (GB, 1884-1969) est l’auteur de plusieurs romans remplis de dialogues au sujet de la vie de famille dans la classe moyenne aisée de l’époque victorienne tardive et edwardienne.
- Paul Theroux (“Have a nice day!”) (né aux USA en 1941) Un écrivain voyageur, dont le livre le plus célèbre est Railway Bazaar. La citation est probablement une allusion à la cordialité superficielle des américains vue par un britannique!
- Günter Grass (“I’ve found some snails!”) (né en Allemagne en 1927), dont le nom (‘grass’) signifie herbe, dans laquelle on peut trouver des escargots (‘snails’).
- Gore Vidal (“Oh, it makes me mad…”) (né aux USA en 1925), avec un autre extrait de des Monty Python (épisode 3 de la saison 1) où John Cleese est habillé en chef cuisinier, et frappe la table avec une hache de boucher (ce qui est plutôt gore). Vidal était également connu pour ses prises de position sur de nombreux sujets.
- John Updike (“Run rabbit, run rabbit, run run run”) (né aux USA en 1932) a écrit Rabbit Ratrappé, un roman dont le titre est probablement tiré de la chanson de guerre ‘Run Rabbit run’, dont la rime est utilisée dans cette citation.
- Kazuo Ishiguro (“Ah so, old chap!”) (écrivain britannique né au Japon en 1954) a écrit Les Vestiges du Jour, où le personnage principal est un majordome dans une résidence à la campagne. La citation juxtapose une expression anglaise qui ressemble à du japonais (ā sō, une interjection qui signifie l’attention ou la compréhension dans une conversation), et une autre, plutôt utilisée par les châtelains ruraux.
- Malcolm Bradbury (“Stroke John Steinbeck, stroke JD Salinger”) (GB, 1932-2000) Le lien entre ces trois auteurs n’est pas évident, on peut alors supposer que Neil avait écrit les trois noms entre lesquels choisir (c.a.d. “Malcolm Bradbury / John Steinbeck / JD Salinger”), et la personne lisant la blague a pu décider de lire exactement ce qui était noté. (Bradbury est l’auteur du scénario de Cold Comfort Farm)
- Iain Banks (“Too orangey for crows!”) (Écosse, 1954-2013) a écrit The Crow Road, et la blague est une référence à une publicité pour le sirop à l’orange Kia-Ora, qui mettait en scène… des corbeaux animés.
- Dame AS Byatt (“Nine tenths of the law, you know…”) (née en GB en 1936) a écrit Possession, et la citation est une référence au proverbe législatif “possession is nine-tenths of the law” (“possession fait titre”).
- Martin Amis (*Grunt*) (né au Pays de Galles en 1949) a écrit des livres où de nombreux personnages ont un comportement grossier.
- Brett Easton Ellis (*hurlement glaçant*) (né aux USA en 1964) a écrit American Psycho.
- Umberto Eco (*grognement*) (“I don’t understand this either”) (Italie, 1932-2016) (né en Italie en 1932) écrit des livres notoirement durs à comprendre.
- Gabriel García Marquez “Mi casa,tu casa” (Colombie, 1927-2014) se voit gratifié de la seule expression espagnole dont devait se souvenir l’auteur de la citation …
- Roddy Doyle (“Ha ha ha!”) (né en Irlande en 1958) a écrit Paddy Clarke, Ha Ha Ha.
- Salman Rushdie (“Names will live forever…”) (né en Inde en in 1947). Cette citation ne semble pas se rapporter particulièrement à Salman Rushdie, mais à la chanson entière. Elle se rapporte encore probablement à A Bout de Souffle, dans lequel l’héroïne s’entretient avec un journaliste de la façon dont les artistes deviennent immortels une fois que leurs travaux sont connus (entretien cité également dans ‘When The Lights Go Out…’!). L’extrait est encore tire des Monty Python (épisode 6 de la saison 1).
[1] Hot Press 05/1994
[2] Best 05/1994
[3] Blog de Ben Wardle
[4] The Liberator Q&A, 1999.